| Sujet: Un monde dans le Monde. [PV Sixtine] Mer 13 Jan - 2:36 | |
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Le train arrière ramassé, Orage sursauta brutalement. Ses pattes cliquetèrent sur le sol bétonné alors qu'elle entamait un petit galop après avoir ré-atterri. Les oreilles plaquées en arrière, au point de disparaître, la chienne trottina dans le sens contraire du bruit avant de se décider à se retourner. Prudemment, une patte après l'autre, en mode chasseur, la Malinoise s'approcha de l'énorme bateau de croisière fumant, prévenant les derniers voyageurs de remonter car l'escale était fini. Jamais la chienne n'avait vu cet endroit, et encore moins ces choses énormes flottant sur l'eau. Au loin, Eveline se mit à rire, faisant légèrement remuer la queue d'Orage, laquelle avait enfin osé quitté ses pattes arrières arquées. La quadragénaire ne riait pas souvent, et la lâchait encore moins souvent. Néanmoins, dans ce type de lieu isolé, l'humaine retrouvait un brin de confiance et acceptait de laisser sa chienne libre. Elles partageaient alors un rare moment de complicité, éloignées l'une de l'autre, certes, mais sereines.
Le mois dernier, la femme avait instauré la première sortie, sûrement destinée à se reproduire très peu, mais Orage en avait bien profité. Elle avait cru que ce type d'activités prenant trop de temps à Eveline ne se reproduirait pas. Cependant, aujourd'hui, elles étaient sorties et sans vouloir penser au lendemain, à l'appartement clos, aux pattes qui fourmillent, la chienne profitait largement.
Occupée par un petit chat abandonné auquel elle essayait de refiler des croquettes-récompenses de sa femelle, Eveline donnait l'impression à Orage qu'elle s'amusait bien à chasser. Heureuse de la voir en mode chiot, la Bergère sentait qu'elle pouvait enfin relâcher ses muscles. Ici, sa maîtresse n'était pas une petite faiblarde qui réclamait sans cesse de l'aide avant de l'enguirlander pour lui l'avoir apporté. Ici, Orage sentait qu'elle n'aurait que des bons souvenirs malgré sa bonne frousse à cause du bateau. S'accoutumant petit à petit à leur présence, la chienne, plus hardie, se mit à renifler autour des centenaires remplis de poissons pour certains. L'odeur lui fit froncer le museau, à la fois de dégoût et d'envie. Toute occasion de manger pour une bête des rues était bonne à prendre, Orage aurait aimé tenter la sienne. Cependant, c'était peine perdu, même en grattant ces immenses boîtes.
Continuant donc sa promenade, la chienne finit par dresser la tête, surprise de remarquer une effluve détonante parmi les fruits de mer. Un chien ici ? N'étant pas en laisse et surtout, loin de sa "fragile" maîtresse, Orage s'approcha, plus détendue. Même si sa crête fournie était dressée entre ses épaules et sur le bas de son dos, la femelle n'abordait pas une attitude agressive, ni même dominante. Plutôt intriguée en fait. La tête un peu penchée sur le côté, ses oreilles triangulaires agitées de tics nerveux, elle essayait de découvrir la localisation de l'animal, trompée par l'odeur entêtante du poisson et les bruits raisonnant en écho entre le labyrinthe crée par les centenaires.
-Salut. Tu te caches de moi ?
Demanda-t-elle joyeuse en jappant dans le vide, s'arrêtant sur le coup, ses yeux louchant sur la brume qui venait de sortir de sa gueule. C'est vrai qu'il ne faisait pas très chaud, sans compter que ses pattes, elle venait de le remarquer, trempaient dans une flaque d'eau de mer. Bah, pourquoi s'inquiéter pour un peu de saleté. |
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